mercredi 27 septembre 2023

Monstres & Merveilles (The Storyteller)

Petite découverte du soir: Monstres et Merveilles (The Storyteller), une série signée Jim Henson avec le regretté John Hurt dans le rôle du conteur. Ca date de la fin des années 80 et j'étais totalement passé à côté à l'époque. Une petite merveille. On y retrouve toute la magie et la délicatesse de Jim Henson.

Lorsque tombe le soir et que la nuit est noire, lorsque la lune blanche s'arrondit dans le ciel, chacun d'entre nous sait que la meilleure place au coin du feu est celle des Monstres et Merveilles.

vendredi 22 septembre 2023

Nomadland

Après l’effondrement économique de la cité ouvrière du Nevada où elle vivait, Fern décide de prendre la route à bord de son van aménagé et d’adopter une vie de nomade des temps modernes, en rupture avec les standards de la société actuelle.

J'avais été voir ce film à sa sortie, et je viens de le revoir ce soir. Et une fois de plus, il a réussi à me tirer des larmes. Nomadland est une magnifique et émouvant road movie, plus d'humanité, de paysages magiques et emprunt d'une grande chaleur humaine. Plusieurs des intervenants du film sont de véritables nomades, ce qui apportent un supplément d'authenticité à cette incroyable fresque. Et la performance de Frances McDormand est saisissante. Une perle rare que j'ai appréciée une fois de plus.

J'ai toujours été fasciné par les parcours atypiques et les trajectoires hors du commun. Nomadland nous dévoile l'envers du rêve américain, le monde des laissés-pour-compte du système, de ceux et celles qui ont été rejetés par le système ou qui s'en sont détournés volontairement. Pour certains, un choix de vie. Pour les autres, une manière de survivre malgré tout.

Si le sujet vous intéresse, je vous renvoie vers mon article sur Slab City, une ville de nomades en plein désert, une enclave hors du système qui n'est pas sans rappeler le jeu Dream Askew qui traite de sujets similaires mais avec une approche queer.

jeudi 21 septembre 2023

Elves (mini-série)

Les vacances de Noël d'une ado et de sa famille virent au cauchemar lorsqu'ils découvrent une ancienne menace qui plane sur l'île où ils séjournent.

Avec Elves, Netflix nous propose une mini-série de 6 épisodes de 25 minutes mêlant fête de Noël, créatures des bois et mythologie nordique. Ici les elfes des bois ne sont pas de mignonnes petites créatures mais des bestioles agressives contenues sur une île isolée depuis la nuit des temps par un groupe de gardiens se succédant de génération en génération. La venue d'une famille pour Noël va mettre à mal ce fragile équilibre. Une sympathique petite série de Noël et d'horreur qui se laisse regarder tranquillement. Et une idée toute trouvée pour un scénario-jeu sans prise de tête. J'ai beaucoup aimé.

Viendra le temps du feu (Wendy Delorme)

"Elles étaient toutes brisées et pourtant incassables. Elles existaient ensemble comme un tout solidaire, un orchestre puissant, les organes noués en ordre aléatoire, un grand corps frémissant. Et j’étais l’une d’entre elles." Une société totalitaire aux frontières closes, bordée par un fleuve. Sur l’autre rive subsistent les vestiges d’une communauté de résistantes inspirée des Guérillères de Monique Wittig. Dans la capitale du territoire fermé, divers personnages se racontent, leurs aspirations, leurs souvenirs, comment survivre, se cacher et se faufiler dans un monde où les livres sont interdits. Une dystopie où se reflètent les crises que nous traversons aujourd'hui. Un roman choral poétique et incandescent, où l’on parle d’émancipation des corps, d’esprit de révolte et de sororité. Un hommage à la littérature et à son potentiel émancipateur et subversif.

Dans mon envie de voir et de lire des choses sur les dystopies, Viendra le temps du feu m'est apparu comme une évidence. Je connaissais cet ouvrage via les lectures scolaires d'un de mes enfants. J'avais commencé à le lire puis laisser de côté par manque de temps. Je l'ai donc ressorti de la bibliothèque pour l'occasion, en prenant mon temps, pour une lecture attentive. Un roman étonnant et qui met en relief nombre de discriminations présentes dans notre société, dans une fresque chorale édifiante. On sait que c'est une dystopie mais on se rend très vite compte qu'elle existe déjà dans nos sociétés, peut-être de manière dispersée mais néanmoins présentes. Et ça fait terriblement peur. Une lecture assez éprouvante aussi; les différents protagonistes souffrent beaucoup et on est pris d'empathie pour eux.

Côté jeu de rôle, j'ai très vite pensé à Dream Askew: des communautés queer tentant de (sur)vivre dans des enclaves à l'écart d'une civilisation qui ne leur veut pas que du bien. Des personnages complexes, forts et fragiles à la fois, en souffrance, à la recherche du bonheur, d'une raison de vivre, en lutte pour leur survie. Un jeu de rôle qui pousse à la réflexion et si vous ajoutez le roman de Wendy Delorme, vous avez un cadre de jeu et une mine d'or d'inspirations. Un combo gagnant. A se demander si Avery Alder, l'autrice derrière Dream Askew n'avait pas lu le roman, ou vice versa. En tout cas ça m'a donné envie de ressortir ce jeu.

mardi 19 septembre 2023

La servante écarlate (saison 1)

Dans un avenir proche, la combinaison de pollutions environnementales et de maladies sexuellement transmissibles a entraîné une baisse dramatique de la fécondité qui a pour conséquence un taux de natalité extrêmement bas. Les Fils de Jacob, une secte politico-religieuse aux accents fondamentalistes, en a profité pour prendre le pouvoir, détruisant la Maison-Blanche, la Cour Suprême et le Congrès lors d'un coup d’État.

Dans cette version dystopique et totalitaire des États-Unis, la République de Gilead, les dissidents, les homosexuels et les prêtres catholiques sont condamnés à mort par pendaison. Les relations hommes/femmes obéissent dorénavant à des règles très strictes. Alors que les hommes occupent toutes les positions du pouvoir, les femmes ont été démises de leur statut de citoyennes à part entière. Elles ne peuvent ni travailler, ni posséder d'argent, ni être propriétaires, ni lire. Elles sont catégorisées selon leur fonction : les Épouses sont les femmes des dirigeants, les Martha s'occupent de la maisonnée et les Servantes sont uniquement dédiées à la reproduction, sous la surveillance rigide des Tantes. Les Servantes sont affectées au sein des familles dirigeantes, jusqu'à ce qu'elles mettent au monde les enfants tant désirés.

La série suit le parcours de June, une femme devenue Servante sous le nom de Defred, car au service du commandant Fred Waterford.

Une dystopie d'une cruauté incroyable, qui tire ses origines profondes des saintes écritures ou du moins de l'interprétation déformée d'un groupe d'illuminés et de fanatiques comme c'est souvent le cas dans les régimes religieux; une dystopie crédible et établie suite à un coup d'état devenu crédible également suite à l'attaque du capitole par QAnon en avril 2021. On peine à y croire et en même temps on surprend à y croire tellement on devine les ferments de ce régime dans certaines situations actuelles. Voir cette série aujourd'hui est encore plus saisissant pour moi qu'à sa sortie en 2017.

Au-delà de la série, on a tous les éléments d'un cadre de jeu de rôle dystopique où les joueur.euse.s incarneraient des résistant.e.s ou des victimes de ce régime infâme. En tout cas, un sujet intéressant à traiter dans un jeu de rôle, car oui le jeu de rôle peut aussi véhiculer des messages sociétaux, politiques et philosophiques, en tout cas faire réfléchir et offrir un espace de dialogue et de réflexion autour de certains thèmes; enfin c'est mon avis. Pour joueur.euse.s averti.e.s.

mercredi 6 septembre 2023

American Insurrection

Dans un monde dystopique, toute personne n'étant pas blanche, chrétienne, hétérosexuelle et genrée est traquée par "les Volontaires". Un petit groupe d'activistes vont tenter de passer la frontière entre États-Unis et Canada, mais tout ne va pas se passer comme prévu.

American Insurrection pose le décor d'une Amérique raciste, intolérante et qui a clairement basculé dans un régime autoritaire. Tout qui ne rentre pas dans la norme édictée par le gouvernement est traqué et marqué. Les protagonistes de l'histoire dont certains sont marqués attendent un signal radio qui leur donnera des coordonnées pour passer la frontière en évitant les patrouilles et les contrôles des Volontaires.

Le film pose ce décor puis bascule très vite dans un huis-clos psychologique; toute l'histoire ou presque se passe dans la ferme où attendent les fuyards. On découvre le monde extérieur et le passé souvent difficiles des protagonistes par bribes sous forme de flashbacks de ce qu'était le monde avant le basculement. Très vite, les choses vont prendre une tournure tragique et tout ne se terminera pas bien pour le petit groupe.

Mon impression: les dystopies m'ont toujours fasciné. Celle décrite dans American Insurrection fait peur dans le sens où elle pourrait fort bien être l'Amérique de demain. Le film ne situe pas l'histoire dans le temps mais on pourrait déjà y être aujourd'hui.

L'approche psychologique et le fait qu'au final les personnages ne sont pas blancs ou noirs mais tout en nuance de gris donne une certaine authenticité à l'histoire. Tous les Volontaires ne sont pas des salauds et dans le camp des traqués, il y a aussi des penchants mauvais et des actes cruels qui sont posés.

Le film souffre peut-être un peu d'un budget limité et de quelques défauts de réalisation (quelques faux raccords que j'ai remarqués) mais dans l'ensemble, on a un bon sujet et un traitement intéressant des différents sujets abordés.

Côté jeu de rôle, je vois bien American Insurrection comme setting pour Dream Askew. L'enclave des PJ serait la ferme où ils se cachent; le monde extérieur l'Amérique des Volontaires. Chacun des personnages pourrait être adapté à un profil de Dream Askew. On pourrait aussi reprendre des éléments du film pour un jeu comme Sigmata mais sans les super pouvoirs.

American Insurrection, malgré ses défauts de production et quelques imperfections dans son déroulement, pose de bonnes questions et offre l'occasion d'essayer d'y répondre, pourquoi pas dans un jeu de rôle. L'occasion de réfléchir à des questions de société tout en jouant. Le jeu de rôle peut aussi être un outil politique et social.

En y repensant, la dystopie décrite dans Amerian Insurrection m'évoque le monde développé par Wendy Delorme dans Viendra le temps du feu.

samedi 2 septembre 2023

Dans l'ombre de Stygia (inspirations pour Wraith)

A l'occasion d'une jam sur le thème de Wraith organisée par Linou, j'ai produit ce petit livret de quatre pages intitulé Dans l'ombre de Stygia proposant une série d'inspirations pour le jeu de rôle Wraith.

Pour rappel, Wraith est le quatrième jeu du Monde des Ténèbres publié chez White Wolf et où les joueur.euse.s incarnent des fantômes, âmes en peine errant entre le monde des vivants et celui des morts, en recherche de rédemption et de délivrance. Un jeu aux thèmes très durs et riches en émotions.

L'idée de la jam organisée par Linou Major Zero était de produire un contenu en rapport avec le jeu ou les thèmes du jeu et de présenter le résultat lors d'une soirée sur Twitch. C'était hier soir: une soirée mémorable où chacun.e a eu l'occasion de présenter sa production et d'échanger autour de Wraith et des thèmes du jeu. La soirée a également été l'occasion pour Linou et le label DCC de présenter les futurs projets du label.

J'ai eu l'insigne honneur de passer une petite demi heure dans l'émission et de présenter ma petite production. Un très chouette moment de partage autour de Wraith et du jeu de rôle en général. Et le plaisir aussi de découvrir les productions des autres participant.e.s de la jam: des choses très fortes, chargées en émotions, bien dans l'esprit du jeu. Un grand merci à Linou et au DCC pour l'invitation; une première pour moi sur Twitch.