"Elles étaient toutes brisées et pourtant incassables. Elles existaient ensemble comme un tout solidaire, un orchestre puissant, les organes noués en ordre aléatoire, un grand corps frémissant. Et j’étais l’une d’entre elles." Une société totalitaire aux frontières closes, bordée par un fleuve. Sur l’autre rive subsistent les vestiges d’une communauté de résistantes inspirée des Guérillères de Monique Wittig. Dans la capitale du territoire fermé, divers personnages se racontent, leurs aspirations, leurs souvenirs, comment survivre, se cacher et se faufiler dans un monde où les livres sont interdits. Une dystopie où se reflètent les crises que nous traversons aujourd'hui. Un roman choral poétique et incandescent, où l’on parle d’émancipation des corps, d’esprit de révolte et de sororité. Un hommage à la littérature et à son potentiel émancipateur et subversif.
Dans mon envie de voir et de lire des choses sur les dystopies, Viendra le temps du feu m'est apparu comme une évidence. Je connaissais cet ouvrage via les lectures scolaires d'un de mes enfants. J'avais commencé à le lire puis laisser de côté par manque de temps. Je l'ai donc ressorti de la bibliothèque pour l'occasion, en prenant mon temps, pour une lecture attentive. Un roman étonnant et qui met en relief nombre de discriminations présentes dans notre société, dans une fresque chorale édifiante. On sait que c'est une dystopie mais on se rend très vite compte qu'elle existe déjà dans nos sociétés, peut-être de manière dispersée mais néanmoins présentes. Et ça fait terriblement peur. Une lecture assez éprouvante aussi; les différents protagonistes souffrent beaucoup et on est pris d'empathie pour eux.
Côté jeu de rôle, j'ai très vite pensé à Dream Askew: des communautés queer tentant de (sur)vivre dans des enclaves à l'écart d'une civilisation qui ne leur veut pas que du bien. Des personnages complexes, forts et fragiles à la fois, en souffrance, à la recherche du bonheur, d'une raison de vivre, en lutte pour leur survie. Un jeu de rôle qui pousse à la réflexion et si vous ajoutez le roman de Wendy Delorme, vous avez un cadre de jeu et une mine d'or d'inspirations. Un combo gagnant. A se demander si Avery Alder, l'autrice derrière Dream Askew n'avait pas lu le roman, ou vice versa. En tout cas ça m'a donné envie de ressortir ce jeu.
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