Dans un futur proche, humains et intelligence artificielle - l'IA - se
livrent une guerre sans merci. Soldat américain infiltré en Asie, Joshua est
séparé de sa femme Maya au cours d’un assaut. Supposant que celle-ci est
décédée, il rentre aux États-Unis, complètement dévasté. Cinq ans plus tard,
l’armée lui demande de revenir sur le terrain; l'IA est sur le point de
parachever une arme secrète qui devrait lui permettre de gagner la guerre.
La mission de Joshua sera de localiser cette arme et de la détruire. Mais
les choses ne vont pas vraiment se passer comme prévu et prendront une
tournure totalement inattendue. Face à la véritable nature de l'arme, Joshua
va commencer à remettre en question ses convictions sur l'IA.
Ce film est un chef d'œuvre pour plusieurs raisons.
Il nous propose une intrigue intelligente et pose plein de questions sur le
rapport entre l'humain et l'IA.
Il expose deux approches diamétralement opposées: celle des Etats Unis,
hostiles à l'IA suite à la destruction de Los Angeles par une ogive
soi-disant tirée par l'IA, et celle du bloc Nouvelle Asie qui soutient
l'IA au point d'avoir totalement intégré celle-ci dans leur société. La guerre
qui oppose les deux blocs est un conflit qui se joue autant au niveau
logistique et technologique qu'au niveau culturel et d'évolution de l'humanité
en tant qu'espèce. Là où les Etats Unis avancent avec des armes technologiques
ultrapuissantes et destructrices, notamment une station spatiale permettant
des frappes d'une extrême précision, la Nouvelle Asie semble jouer sur
une assimilation et une intégration complète de l'IA dans la société des
hommes. J'ai trouvé cette dernière option à la fois inspirante et fascinante.
Je me surprends souvent à parler à ma voiture alors qu'elle n'a pas le degré
de sophistication des androïdes du film. L'humain a tendance à humaniser
les choses de son quotidien; dans The Creator, ces choses sont devenues des êtres pensants à part entière et sont
considérées comme tels. Une suite très logique en somme.
On n'est pas sur un truc manichéen; même si l'approche des
Etats Unis est brutale, on peut comprendre pourquoi ils haïssent les
robots et veulent les détruire à tout prix. De l'autre côté, en Nouvelle Asie, on voit l'attachement des humains aux robots et on a de l'empathie
pour ces êtres artificiels qui revendiquent leur liberté et leur droit
d'exister. A plusieurs moments du film, on nous met devant des scènes qui sont
justifiables et compréhensibles quel que soit le camp qu'on choisit de
soutenir; aux spectateurs de décider qui a tord et qui a raison, si tant est
qu'il y ait un choix à faire, bon ou mauvais. Une approche non manichéenne qui
ajoute à la crédibilité du futur proposé ici et implique le spectateur.
Les visuels des robots sont saisissants, notamment les simulants, et
les paysages naturels et urbains sont grandioses. Une réalisation impeccable,
des scènes d'action lisibles et bien rythmées. On a même quelques petites
touches d'humour qui permettent de faire redescendre la pression de temps en
temps.
J'ai vraiment passé un bon moment à visionner ce film, une belle réussite
selon moi qui aurait mérité un meilleur accueil à sa sortie. Un film de
science-fiction qualitatif, intelligent, qui nous amène à réfléchir à
certaines évolutions de notre société et divertissant en plus. On voudrait
avoir des films comme ça plus souvent.