mardi 13 janvier 2015

Only Lovers Left Alive : du vampire contemplatif

J'ai déjà vu quelques films de vampires: d'Entretien avec un vampire à Blade en passant par la série Underworld; j'ai même tenté Twilight mais j'en suis resté au premier épisode de la saga (si on peut parler de saga), et il paraît que c'est mieux pour moi.
Entretien avec un vampire proposait une opposition entre l'immortelle déprime de Louis et la joyeuse exubérance de Lestat. Blade et Underworld capitalisaient sur l'action et la lutte entre les vampires et leurs ennemis.
Je préfère ne pas évoquer Twilight, qui me parait plus être un Hélène et les garçons chez les suceurs de sang.
J'allais oublier l'excellente série True Blood mais là encore, les thèmes des vampires et autres créatures magiques ou féeriques sont autant de prétextes pour nous inonder de sexe et de violence; mais ça reste une bonne série, du moins pour ce que je peux en dire après la vision des deux premières saisons.
A contrario, Only Lovers Left Alive est un véritable OVNI dans le genre. Je le classerais dans le genre du vampire contemplatif. Les thèmes abordés dans ce film sont, comme on le devine à son titre, l'immortalité et la survivance des attaches émotionnels au fil du temps, surtout quand il se calcule en siècles.
On ne sait pas d'où ils viennent ni comment ils sont devenus ce qu'ils sont. On sait juste qu'ils sont là depuis un bon moment, et qu'ils s'ennuient à mourir (sauf qu'ils sont immortels).
Ils sont peu nombreux et survivent dans l'ombre de la société des mortels qu'ils nomment les zombies.
Leur existence est faite de nostalgie et de langueur, d'extase (quand ils s'abreuvent de sang humain, achetés en poches dans un hôpital à la nuit tombée), de musique et de lecture. Certains ont connu de grands artistes, certains sont de grands artistes. Leur vie s'étire lentement, année après année, siècle après siècle, collectionnant les souvenirs comme certains épinglent des papillons et les exposent derrière une vitre.
Le film prend son temps pour bien camper les personnages, et quels personnages. Le casting est impressionnant: Tom Hiddleston (dans un rôle aux antipodes du Loki des Avengers), Tilda Swinton (diaphane et belle à faire peur), John Hurt (soi-disant écrivain-nègre de Shakespeare)
La bande son ajoute encore à l'ambiance lancinante du film.
Les longs périples dans un Détroit nocturne et déserté, les errances dans les rues de Tanger sont autant de passages qui soulignent encore la pesanteur de cette longue vie d'immortels blasés en quête d'un sens à leur trop longue existence.
Une inspiration pour jouer à Vampire La Mascarade (vraiment) autrement ou s'offrir une longue nuit à Monsterhearts ou Urban Shadows.
Un film à voir, résolument hors des sentiers battus, original, intriguant, obsédant.

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