vendredi 1 mars 2013

Cthulhu Dark

Coup de projecteur et petite critique de Cthulhu Dark de Graham Walmsley, un système de jeu léger pour jouer dans les univers horrifiques de HP Lovecraft.
Le jeu est disponible en VO (anglais) sur Thieves of Time et en français sur le site de TOC.
En 4 pages, Cthulhu Dark vous propose des règles très simples pour animer une partie de jeu de rôle autour de l'oeuvre du maître de Providence. Et pour être simples, elles le sont. Peut-être un peu trop d'ailleurs.
Chaque personnage est défini par son nom, sa profession, une description faite par le joueur et un score de Démence; cette notion de Démence est la pierre angulaire du jeu et permettra de simuler la folie insidieuse du Mythe et ses effets sur les malheureux et imprudents investigateurs.
Précisons qu'on joue avec des dés à six faces. On peut lancer de 1 à 3 dés et on garde la valeur la plus grande comme résultat pour déterminer la réussite graduelle d'une action entreprise par les personnages. S'ajoute à cela une notion de prise de risque à chaque jet de dé. Le joueur peut ajouter un dé dit de Démence s'il est prêt à risquer l'équilibre mental de son personnage. Cela peut augmenter la qualité de la réussite de son action mais peut aussi jeter son personnage dans les affres de la folie.
Point assez sympa du jeu: on a une notion de narration partagée. Un intervenant (joueur ou meneur) peut estimer qu'il serait plus intéressant que l'action entreprise par un autre joueur échoue. Dans ce cas, il jette les dés et les résultats des deux joueurs sont comparés pour déterminer l'issue de l'action.
La relance des dés est possible, avec certaines conséquences sur le score de Démence.
Pour revenir sur cette notion de Démence, la folie progressive du personnage passe par une phase de rédemption (avec un score de 5) pendant laquelle le malade peut tenter de guérir de sa folie en détruisant des objets du Mythe, en interrompant des rituels, en se portant lui-même atteinte ou encore en bloquant l'enquête du groupe.
Si le score de Démence passe à 6, le personnage devient irrémédiablement fou. Il reste jouable mais pendant un laps de temps limité.
Autre point spéficique de Cthulhu Dark: une confrontation physique avec une créature du Mythe ne peut se solder que par la mort de l'imprudent. On ne peut trouver son salut que dans la fuite ou la folie, ce qui est tout à fait dans l'esprit Lovecraftien.
La magie du Mythe reste inaccessible aux simples humains. Là encore, on est dans le canon Lovecraftien.
Les personnages sont fragiles et l'unique issue de leurs investigations ne peut être que la mort ou la folie.

J'ai trouvé dans Cthulhu Dark des éléments auxquels j'aurais voulu penser lorsque j'ai écrit Cthulhu Fhtagn: une approche sans concession de l'oeuvre de Lovecraft, avec une gestion de la folie sans appel, menaçante comme une épée de Damocles au-dessus des têtes des personnages.
Ça manque quelque peu de caractéristiques/compétences pour définir les investigateurs et on imagine très facilement les discussions des joueurs pour déterminer si un personnage peut ou sait faire telle ou telle chose. Outre ce défaut build-in, force est de reconnaître les qualités narratives de Cthulhu Dark, du moins après une première lecture. J'avoue que je n'ai pas encore eu l'occasion de le tester.

En conclusion, je dirais que Cthulhu Dark est une bonne petite (quatre pages, c'est pas beaucoup) surprise et propose une approche différente du Mythe de Cthulhu, très en phase avec l'oeuvre littéraire elle-même.
Il faudra donc utiliser ce jeu avec des joueurs ouverts et réceptifs, connaissant un peu l'oeuvre et n'ayant pas peur de se mettre en scène et de mettre leurs personnages en difficulté. Ce jeu me semble parfaitement adapté à du one-shot ou de courtes campagnes.

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