vendredi 26 mai 2023

Inflorenza Minima again

Je me suis replongé récemment dans Inflorenza Minima de Thomas Munier, plus précisément dans la seconde édition qui avait bénéficié d'une superbe mise en page et des illustrations signées Willy Cabourdin. Ma dernière lecture de ce jeu datait de 2017 et j'avoue l'avoir lu un peu en diagonale. D'ailleurs j'indiquais déjà à l'époque avoir besoin d'une lecture approfondie. Et c'est ce que j'ai fait.

C'est chose faite. J'ai doublé ma lecture par l'écoute du podcast de la Cellule consacré à Inflorenza Minima enregistré en juin 2016.

Qu'ai-je pensé de ce jeu? D'abord l'univers de jeu, une Europe post-apocalyptique envahie par la forêt, la fameuse forêt de Millevaux qui traverse l'ensemble de l'oeuvre de Thomas Munier, un peu comme le Champion Eternel dans l'oeuvre de Moorcock. L'Oubli qui ronge la mémoire des hommes. L'Emprise, corruption née de la forêt. L'Egrégore, magie qui façonne la réalité à l'image des peurs des hommes. Les Horlas, monstres tapis dans la forêt, fruits de la magie forestière de Millevaux. Donc un univers de jeu riche et intrigant. De l'horreur mais aussi de l'émerveillement. Un monde cruel aussi, sans pitié pour les âmes perdues qui l'arpentent.

Le jeu ensuite; un équilibre subtil de jeu narratif ponctué de choix moraux, un jeu cruel à l'image de son univers où les joueur.euse.s devront constamment sacrifier des choses ou des parties de leurs personnages pour arriver à leurs fins, ou renoncer. La notion de prix à payer est partout. Pas de dés ou de hasard ici. Le destin est entre les mains des joueur.euse.s et de la Confidente, équivalent du Meneur de Jeu dans les jeux de rôle traditionnels.

Le livre de 98 pages présente d'étonnantes illustrations et peut sembler désarçonnant dans son approche. La structure même du livre est comme un enchevêtrement de racines et de lianes qu'il faut défricher. Une lecture comme l'exploration d'une jungle. On a un résumé des règles puis très vite un exemple complet de partie. Suivent les fondamentaux du jeu, des options, des conseils pour jouer en campagne, avec ou sans Confidente, le tout ponctué d'exemples. On n'est pas face à un jeu classique dans son approche et il faut accepter de se laisser guider dans les méandres du livre comme dans les sentiers et les méandres de la forêt de Millevaux.

Un jeu qui met l'accent sur les choix moraux et qui prend un plaisir ludique à faire souffrir les personnages mais aussi un peu les joueur.euse.s afin d'en extirper la moelle, la sève, pour une expérience de jeu halluciné et hallucinante. Une poésie dramatique et emprunte de magie. Des contes cruels dans la forêt de Millevaux. On vous aura prévenu.

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