vendredi 28 août 2015

Lamentations of the Flame Princess

Lamentations of the Flame Princess est un rétroclone D&D de James Edward Raggi IV.
Il se démarque des autres rétroclones par sa volonté de proposer des aventures horrifiques loin des standards de la high fantasy ou du Dungeon Crawling cher aux vieux grognards de D&D; LotFP a des relents de sueur, de sang et de peur. Les combats sont dangereusement mortels et les ennemis/monstres sont présentés comme des créatures effrayantes dont la seul vue peut provoquer la folie. On est quelque part entre de l'Appel de Ctlhulhu et Warhammer avec son lot de monstres tentaculaires et sa sorcellerie corruptrice.
Le cadre de jeu suggéré par l'auteur est une Europe fantasmée du 17ième siècle qui n'est pas sans rappeler les décors de Solomon Kane.

Côté système de jeu, on retrouve les 6 caractéristiques de D&D (Force, Dextérité, Constitution, Intelligence, Sagesse, Charisme), les Niveaux et les XP, la Classe d'Armure, les Points de Vie, etc.
En plus des caractéristiques notées sur 20 (et les modificateurs associés), on a une série de compétences exprimées de 1 à 6 et testées en lançant 1D6 (réussite si le résultat du dé est inférieur ou égal au score de la compétence testée); le système de combat reste identique à celui de D&D avec une Classe d'Armure ascendante et l'utilisation du d20.
Les classes de personnage possibles sont assez restreintes: Guerrier, Prêtre, Magicien, Elfe, Nain et Halfling (comme dans les premières éditions de D&D, rétroclone oblige).
Les habitués des rétroclones D&D ne seront pas dépaysés.

Même si les règles semblent de prime abord suivre le canon classique de l'OSR, on sent que l'auteur a voulu mettre l'accent sur le côté tragique et mortel de l'univers de jeu, induisant subtilement via quelques points de règles des éléments de tension, de peur et d'horreur. Le nombre restreint de points de vie des personnages rend chaque combat terriblement risqué. On a droit à des règles spécifiques sur les maladies que les personnages sont susceptibles de contracter au cours de leurs aventures; après lecture on a l'impression que les héros (si on peut encore parler de héros) ne s'en sortiront pas sans avoir au moins attraper la peste noire. Et c'est sans compter les paragraphes concernant les empoisonnements, les privations de nourriture, d'eau ou de sommeil. De quoi bien faire souffrir les personnages.

Les illustrations de couverture et celles qui parsèment les manuels de jeu ajoutent encore à l'ambiance sombre et oppressante du jeu. Elles sont particulièrement évocatrices de la violence et de la dureté du cadre de jeu; ce n'est pas pour rien que le jeu est assorti d'un 18+ explicit content. Le supplément intitulé Better than any man en dit déjà long rien qu'au titre sur les sujets que l'histoire risque d'aborder. On est clairement dans du jeu de rôle trash, sale, qui s'adresse à un public adulte. Il y aura de la violence, du sexe, de la magie noire, de la folie, des morts.

LotFP m'a laissé une étrange impression, une espèce de dégoût fascinant, malsain; comme évoqué plus haut, on navigue en eaux troubles, quelque part entre Cthulhu et  Warhammer; le récent Witcher pourrait servir de base visuelle à l'univers de LotFP: un monde violent et sans pitié pour les faibles.
En parcourant les chemins boueux et les forêts sombres de LotFP, on sent l'ombre des sorcières de Salem; en tendant l'oreille, on entend les grognements sinistres de quelques monstres et on s'attend à ce que quelque chose d'horrible surgisse à tout moment.
C'est clair que ça change du Dungeon Crawling ou de la fantasy flamboyante; c'est une vraie claque dans la gueule. On n'en ressort pas indemne.

Je rédige ce billet alors que je termine une première lecture du Player Core Book - Rules & Magic. J'ai entretemps entamé la lecture du Referee Book (équivalent du Guide du Maître) où l'auteur revient sur ses intentions pour LotFP et sur la manière de mettre en avant le côté horrifique du jeu. J'ai également consulté quelques personnes par l'entremise de forums rôlistes (Casus No pour le pas le citer); tout ce que j'ai lu sur ce jeu confirme mes impressions explicités plus haut.

Pour conclure, LotFP est un jeu aux thématiques très marquées, à ne pas mettre entre toutes les mains. Parmi ses qualités évidentes, une grande simplicité côté règles. On peut toujours revenir sur le choix de son auteur de proposer de l'horreur via un rétroclone de D&D pas toujours adapté aux thèmes, bien que AD&D2 l'avait déjà fait et avec un certain succès avec Ravenloft.
La force de LotFP repose moins sur son côté OSR que sur ses scénarii, tous plus effrayants et débridés les uns que les autres, preuve à l'appui avec ce compte-rendu de partie (merci Chaviro) de No Salvation for Witches.

1 commentaire:

  1. J'ajouterai que seuls les guerriers voient leur bonus d'attaque croître avec le niveau -- les autres classes restent désespérément bloquées à +1.

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