Comme promis, voici un petit retour de lecture d'Omniscience, le jeu de rôle post-apocalyptico-science-fictionnel de Christophe Breysse.
Avant toute chose, je tiens à préciser que je n'ai fait que lire le livre de jeu; je n'ai pas encore eu l'occasion de le tester, ce qui explique peut-être certaines lacunes ou imprécisions de compréhension suite à cette première lecture.
L'action du jeu se passe dans un futur post-apocalyptique où la Terre a été envahie par une race extraterrestre inconnue qu'on nomme les Envahisseurs. Les joueur.euse.s incarnent des Connectés, des personnes ayant développé un don de prescience et d'anticipation des actions de fameux Envahisseurs. A noter que si l'humanité s'est faite défoncée aussi facilement, c'est en partie parce que les Envahisseurs eux-mêmes disposaient de ce pouvoir étrange. Ici, certains humains commencent à développer eux aussi ce pouvoir surprenant, ce qui constitue un espoir pour la Résistance.
Voilà pour le cadre de jeu général et on n'en sait pas plus à ce stade. C'est d'ailleurs un des axes principaux du jeu puisque les joueur.euse.s et le.la meneur.euse appelé.e l'Omniscient.e détermineront les détails du contexte de jeu de manière collaborative et collégiale.
L'autre force du jeu, c'est la narration partagée entre l'Omniscient.e et les joueur.euse.s sur base de procédures expliquées et détaillées dans le livre de règles et de cartes représentant les scènes, moments clés d'une histoire construite ensemble. Ici, point de liste de matériel, point de combat détaillé, point d'optimisation, uniquement de la narration. L'histoire est au cœur du jeu et les règles sont là pour soutenir l'histoire et permettre sa construction de manière harmonieuse.
En jetant un œil à la bibliographie, on n'est pas surpris de trouver des références en matière de jeux de rôle à narration/autorité partagée comme Frédéric Sintes ou Fabien Hildwein, ou les podcasts de la Cellule. On sent aussi l'influence d'Apocalypse World dans la mise en avant de la conversation autour de la table. Des jeux comme Sens et Monostatos sont cités, ainsi que le système FU qu'on reconnait dans la résolution des nœuds/conflits. Tout ça pour dire qu'Omniscience baigne dans une pléthore d'influences qui en font un jeu original dans ses mécaniques mais aussi assez déstabilisant. J'ai eu un peu de mal avec certains concepts que j'ai dû relire plusieurs fois (un glossaire à la fin de l'ouvrage aide pas mal à la compréhension et au rappel de la signification de chaque terme); pour autant, l'auteur a fait un véritable effort pédagogique pour rendre tout ça accessible, avec des exemples qui tombent très bien. Cette approche pas à pas fait aussi partie des points saillants du jeu. J'ai rarement vu un jeu prendre autant le temps d'expliquer les procédures de jeu.
Omniscience est très certainement un jeu qui vaut le détour, non pas pour son contexte qui est relativement classique du genre post-apo, mais par ses règles et ses mécaniques narratives très fines, l'emprise des joueur.euse.s sur l'histoire simulant parfaitement la progression de leur pouvoir de Connectés, puisque rappelons-le, les Personnages possèdent un pouvoir d'anticipation qui ira grandissant, ce pouvoir se matérialisant côté système par la narration partagée entre les participants; rien que pour ce concept, le jeu est une perle.
Vais-je y jouer ou le maîtriser? C'est une question délicate. Je pense qu'avant de le proposer à mes joueur.euse.s, une partie en tant que joueur me permettrait de fixer les règles par la pratique.
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