En l’an 1366, en plein obscurantisme moyenâgeux, la province de Saint-Voile est ravagée par une étrange pestilence transformant sa population en créatures dégénérées, déviantes et bestiales. Si la province, pauvre et bien trop éloignée de la capitale, n’intéresse pas la Couronne ; la fuite de la population face à une épidémie en pleine propagation, les rumeurs d’une nouvelle religion se développant dans la région, l’anathème de l’Église sur la cité fortifiée dirigée par la sulfureuse Comtesse et l’absence de communications avec cette dernière contraignent le roi à mandater un collège de médecins de peste. Le but de cette brigade méprisée : éradiquer la source de cette malemort ou mourir en essayant.
Macadabre est un jeu de rôle de Yno mettant en scène un groupe de médecins de la peste mandatés par la Couronne pour se rendre dans la province reculée de Saint-Voile où sévit une étrange et mystérieuse maladie. Leur mission sera d'enquêter sur cette pestilence et d'éradiquer le mal s'ils le peuvent.
Ce jeu se veut une expérience old-school violente et dérangeante, destinée à un public averti; l'auteur indique d'ailleurs clairement que Macadacre est un jeu pour adultes consentants appréciant l’outrance et le sang. J'ai eu l'occasion de tester le jeu au cours d'une partie unique mais je ne me rendais pas compte que je n'avais fait qu'effleurer le cauchemar de Macadabre. Le jeu reposant sur l'exploration d'une carte à hexagones dont chaque zone révèle une petite partie du jeu et certains secrets, je n'avais pas vraiment mesurer l'ampleur horrifique du jeu et encore moins son intrigue sombre et morbide. Outre ses règles cruelles et sans concession vis-à-vis des personnages et les dispositions particulières de jeu pour créer une tension constance chez les joueur.euse.s (on joue debout; le MJ est masqué et se fait appelé Comtesse, etc), l'intrigue en elle-même est déstabilisante et délicieusement malsaine. Yno ne plaisantait pas en indiquant que son jeu n'était pas à mettre entre toutes les mains et encore moins à présenter à n'importe quel public. Clairement, ce jeu est un chef d'oeuvre du genre, génial de perversité et de malignité.
De prime abord j'envisageais de faire jouer Macadabre mais là, après lecture, je sais qu'il faudra que je prépare mes joueur.euse.s à l'impact possible de certaines scènes proposées par le jeu, ou que je les adapte un peu selon les sensibilités de chacun.e, au risque de peut-être dénaturer le jeu.
Au-delà de l'histoire, les mécaniques de jeu, que j'ai qualifiées plus haut de cruelles, montrent qu'on peut transmettre par les règles la férocité et la dangerosité d'un univers. D'emblée j'y ai vu de possibles utilisations pour des donjons mortels ou des labyrinthes truffés de pièges, des expériences de try-and-die à la Darkest Dungeon (qui est d'ailleurs une des inspirations avouées du jeu). Je vais très probablement m'en inspirer pour mes propres projets.
Au final, Macadabre est un petit bijou de malveillance ludique, une expérience hors du commun, à la fois proche du old-school et éloignée de nos manières de jouer habituelles, motorisé par un système de jeu impitoyable et injuste et proposant une intrigue où l'horreur semble sans limite. Un jeu que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire et que je voudrais pouvoir proposer mais encore faut-il que je trouve des victimes... volontaires prêts à subir les affres de la malemort.
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